On ne naît pas mère, on le devient.

Un long processus :

La maternité est un long processus, une construction psychique qui nécessite du temps, et qui est en perpétuel mouvement. La parentalité est de nos jours un choix, du fait de la maitrise de la conception. Néanmoins, les couples qui ne souhaitent pas avoir d’enfant ou qui n’y arrivent pas doivent toujours s’en expliquer.

Une pression sociale est relayée par les discours de certains parents et les médias. L’image de la parentalité est parfaitement maitrisée. Ces discours vont venir étayer, dans l’imaginaire, ce qui pourrait être une « bonne » mère, si ce n’est la mère parfaite, idéale. La femme doit s’épanouir en devenant mère.
 

Même si la transformation du corps et les séances de « préparation » amènent un peu plus de réel dans ce processus, l’écart entre ces discours et la réalité est susceptible de fragiliser la construction de la maternité, à un moment où les femmes sont particulièrement vulnérables, tant physiquement que psychiquement.

 Et ils sont biens nombreux, ces allers et venues, entre ce qu’on imaginait jusqu’alors et ce que cet être à apprivoiser va nous faire vivre tout au long de sa vie. Chaque femme possède des représentations de la maternité, puisées dans son histoire personnelle. M. Bydlowski évoque l’état de « transparence psychique »  dans laquelle l’enfant dans le ventre de sa mère réactive le petit enfant que la mère a elle-même été ou qu’elle croit avoir été et qui était, jusque-là demeuré enfoui tout au fond de sa psyché.

 Ces représentations de la maternité s’articulent également avec un modèle culturel donné, qui défini notamment ce qui pourrait être plus ou moins bon pour un enfant, pour sa mère, et ce qui leur est interdit. Les futures mères doivent pouvoir traiter de la construction de leur maternité, si singulière. La naissance d’un enfant représente un profond bouleversement identitaire et narcissique.

 En psychothérapie :

En psychothérapie, le travail consiste alors à élaborer ces remaniements et ré-interprétations que l’arrivée d’un enfant les amène à élaborer. L’enfant ne correspond jamais complètement à ce qui est attendu. L ‘accouchement doit être « réussi », la future mère laissant parfois peu de place à l’ambivalence. L’enfant né, les mères ont souvent honte d’avouer que l’enfant ne correspond pas à leurs attentes. Pourtant, ce nourrisson, il va falloir apprendre à le connaître, à décoder ses pleurs, ses mimiques, ses réactions… L’ajustement entre la mère et son bébé est rarement immédiat, ce qui peut amener ces mères à culpabiliser de ne pas avoir cet « instinct maternel ». Lors de la période de dépendance absolue, D.W. Winnicott, psychanalyste, indique d’ailleurs des variations entre les mères sur leur capacité à s’ajuster aux besoins de leur enfant.

 De son côté, l’enfant apprend à s’ajuster à ses figures d’attachement, et c’est cet apprivoisement mutuel qui fait peu à peu grandir ses parents. La femme ne se connaissait jusque là pas sous cet angle, c’est tout un nouveau pan d’elle-même qui s’ouvre et se déploie au fil des mois, un pan immense avec lequel il lui faut désormais apprendre à composer. Dans ce cheminement, le rôle du père peut être vu comme un soutien dans la représentation progressive de l’enfant comme étant un individu à part entière, de moins en moins dépendant de sa mère et ayant sa propre construction psychique et identitaire à vivre.

BIOGRAPHIE :

BYDLOWSKI, M. (1991) La transparence psychique de la grossesse.

WINNICOTT, D.W. (1956) La préoccupation maternelle primaire, in De la pédiatrie à la psychanalyse, Payot.

 

 

 
Article Juillet 2020, rédigé pour l’association Epsylon https://www.associationepsylon.com/